Aujourd’hui, je me lance dans un défi inédit : écrire un article depuis les Urgences après une nuit blanche. Nous sommes ici pour Simon.
Les dernières 48h ont été très dures pour lui, quant à cette nuit… un calvaire.
Des heures et des heures à souffrir comme je ne l’ai jamais vu souffrir. Toute une nuit à me sentir bien inutile face à ce mal qui le tordait de douleur par vagues maléfiques.
La piqûre du médecin de nuit l’a soulagée 2h… et c’était reparti pour la galère.
Et là, vous vous demandez : et quel est le rapport avec la Parentalité ?!
J’y viens. J’y viens.
J’ai eu le temps de penser cette nuit… alors que j’étais bien impuissante face à cette situation.
Je me suis même mise à exercer des points de pression de la méthode Bonapace pour essayer de tromper la douleur (oui, le même principe que le coup de bâton dans les Bronzés font du ski… en moins violent, quoi).
Cette préparation à la naissance m’avait aidée à donner naissance à notre Ulysse, sans péridurale comme je le désirais. Une méthode que je vous invite grandement à suivre si l’accouchement physiologique vous tente. Un tout petit bébé de 4kg (ARGH !!) était ainsi arrivé dans nos bras.
Pour une naissance, la douleur est puissante voire paralysante mais elle est Créatrice. Elle mène à une rencontre attendue. Elle est la tempête avant le calme, le soulagement.
Mais quoi de pire qu’une douleur destructrice, qui blesse le corps et l’esprit, qui sème le doute, qui force à se demander « pourquoi » et qui vous fait crier à l’injustice?
En tant qu’adulte, nos expériences de Vie nous ont façonnées pour évaluer la gravité du problème en fonction de notre ressenti de la Douleur.
Celle-ci est dans le fond (tout au fond), un message sain du corps au cerveau… du cerveau au corps. Une douleur qui n’est plus supportable m’incite à consulter, ce qui a pour but de résoudre mon problème.
C’est simple. (ça ne veut pas dire que ça n’est pas horrible parfois mon Chéri, je sais).
La gestion de la douleur chez l’Enfant est une toute autre aventure…
Elle invite cependant l’Enfant à faire la même chose que nous : consulter… son Parent pour résoudre son problème.
C’est un défi pour nous que de réussir à repérer une expression de la douleur (lorsqu’ils sont bébés notamment), d’en saisir son degré, de l’accueillir et de la soulager.
En cas de doutes, n’hésitons pas à consulter, surtout lorsqu’ils sont tout-petits.
À partir de plus tard (ça vous aide ça pour vous repérer dans le temps, hein), on ne sait parfois pas trop quoi faire de l’expression de la douleur, si on n’en comprend pas immédiatement la cause.
Normal. On n’est pas médecin. Oh et puis des fois, c’est quand même vraiment des chochottes ces mômes.
Du coup, on a tendance à vouloir anesthésier leur sensation avec nos phrases censées être aussi magiques que des antalgiques:
« Mais non, ça fait pas si mal que ça»
« T’en rajoutes pas un peu là, non ? »
« C’est rien, c’est rien ! ».
Mettons-nous maintenant un peu à la hauteur de l’Enfant, si vous le voulez bien.
« Oh ça va, ça ne peut pas faire si mal que ça ! »
Un Enfant n’a pas – par définition – la même expérience de Vie que l’Adulte. Son échelle de douleur n’est pas la même et son seuil de tolérance est aussi petit que lui.
« T’en rajoutes pas un peu là, non ? »
Peut-être que oui… si l’Enfant a l’habitude de se sentir nier dans son ressenti, il a peut-être choisi de forcer le trait pour qu’on le prenne vraiment en considération. Ou peut-être cherche-t-il simplement à être cajolé, à être plaint… Parfois, cela suffit à guérir les maux.
« C’est rien, c’est rien »
Vu de notre œil d’adulte, c’est clair : c’est que dalle. Mais notre rôle est de se mettre dans leurs baskets (au sens figuré, hein) et à leur hauteur… L’Enfant ressent vraiment une sensation désagréable et/ou douloureuse. Il a peut-être peur aussi, parce que c’est une sensation nouvelle ou un degré nouveau qu’il ne connaît pas. Ne le nions pas alors qu’il essaye de se livrer.
Aujourd’hui, Simon va donc me permettre de vous livrer une astuce ultra facile et efficace pour réagir avec plus de bienveillance et d’empathie.
L’astuce tient en une question !
La voici : « Est-ce que je dirais ça à un adulte ? »
Si oui, je suis en mode-bienveillant.
Si non, je reformule pour être bienveillant (!).
Reprenons nos 3 exemples pour illustrer et conclure :
Il y a 3 semaines lorsque Simon s’est plaint de sa cuisse, qui le faisait boiter… est-ce que j’aurais osé lui dire : « Oh ça va, ça ne peut pas faire si mal que ça ! »
Il y a 3 jours lorsqu’il faisait du télétravail à genoux parce que c’était la seule position tolérable, est-ce que j’aurais osé lui dire : « T’en rajoutes pas un peu là, non ? »
Il y a 3 heures, lorsqu’il hurlait de douleur dans son oreiller pour ne pas réveiller les enfants, est-ce que j’aurais osé lui dire : « C’est rien, c’est rien ».
Non. Trois fois NON.
Et si on se rend compte que l’on n’est pas coutumier du mode-bienveillant, qu’est-ce qu’on fait!?
On ne se flagelle pas (ça ne sert à rien et c’est douloureux… ) et on acquiert d’autres phrases-réflexes pour accueillir leur.s douleur.s!