Savez-vous comment vont vos enfants en ce moment…?
Jeudi dernier, j’ai demandé à mes élèves comment ils allaient…
« How are you today!? »
C’est un petit échauffement classique que j’aime utiliser de temps à autre, pour se mettre dans le bain.
Ils ont répondu. Et ça n’était pas si facile à entendre.
J’aime cette façon de démarrer l’heure, de rentrer en contact avec eux, de prendre leur température.
En tant que maman, je souhaiterais que les enseignants se soucient de l’humeur de mon enfant. De temps en temps. Sincèrement.
Les premières fois où nous avons pratiqué cette activité, les enfants me répondaient machinalement : « I’m fine » ou « I’m very well, thank you »… avec une tête de 6 pieds de long. Autrement dit, ils allaient « bien » ou « très bien » mais ils ne le portaient vraiment pas sur leur visage!
La première explication à cela est peut-être qu’ils ne savaient pas dire grand chose d’autre, mais qu’ils voulaient prendre part à l’échange malgré tout.
La deuxième explication est qu’ils prenaient éventuellement ma question comme de la politesse.
Le fameux « ça va? » que l’on dit presque comme un « bonjour » et dont on n’attend pas forcément de déballage.
Le fameux « ça va? » qu’on lance à un collègue au détour d’un couloir et dont on entend à peine la réponse puisqu’on ne s’arrête pas.
Mais à force, ils ont compris.
Ils ont compris que c’était une vraie question. Et qu’ils pouvaient me faire une vraie réponse.
Jeudi, j’ai récolté:
5 « I’m tired »
1 « I’m tired because I’m more or less sick »
2 « I’m hungry »
1 « I’m angry because a problem »
1 « I’m angry because friends not polite »
1 « I’m worried because afternoon maths »
Notez bien : aucun des participants n’est frais et dispo! Ça n’est déjà pas rien.
Et puis, il y a cette élève qui me dit « I’m sad ». Elle a les yeux humides mais ne souhaite pas en dire plus. Je passe à quelqu’un d’autre pour lui retirer le poids du regard de ses camarades qui se demandent, comme moi, ce qui peut bien la rendre triste.
Mais c’était sans compter sur l’élève suivant qui lève la main pour me dire « I’m sad because… » et dont les yeux se remplissent de larmes alors qu’il cherche ses mots. Il veut visiblement en dire plus. De mots clés en mots clés, on finit par comprendre son idée. On l’aide à s’exprimer.
Il formule à son tour : « I’m sad because my sister has a problem ».
Du haut de ses 12 ans, il me pince le coeur (ah! et bien vous voyez que j’en ai un!). Le contenu de mon cours me semble tout à coup secondaire voire futile, et pourtant on va devoir s’y plonger. Ne serait-ce que pour lui changer les idées, pour leur changer les idées.
Comment profiter des heures d’enseignement lorsque leur esprit est déjà pris par autre chose? Sait-on jamais ce qu’il y a dans la tête de nos enfants?
Souvent, les soirées se suivent et se ressemblent et passé le fameux « c’était bien l’école?! », on ne pense pas toujours à gratter le vernis.
Mais de temps en temps, il est bon de trouver un moment privilégié pour montrer à notre enfant que tout nous intéresse chez lui, y compris (surtout!) ses humeurs et les sentiments qui le traversent.
Pour les inciter à « parler » sans avoir l’impression d’être de la gestapo, on peut commencer par raconter notre journée et les sentiments que nous avons ressentis.
Il n’y a pas d’âge pour se livrer, ou tout au moins pour essayer!
N’oublions pas qu’ils sont des éponges, de petites éponges : pour les bonnes choses à absorber et pour tout le reste…
Et si ce soir on essorait ensemble nos jolies petites éponges pour voir quels sentiments en ressortent?!
On pourra ainsi remplir leur réservoir affectif en partageant un moment privilégié avec eux et s’assurer par la même occasion qu’ils ne sont pas en train de boire la tasse au milieu de sentiments désagréables.
Et vous, how are you today?!
On se retrouve dans le prochain article.
Prenez toujours soin de vous,
Et des humeurs de toute la famille.