Partir 10 mois quand on a 35 ans, ça n’est rien.


Mais lorsqu’on est un Enfant, c’est différent. Comme si le temps n’avait pas la même valeur… un peu comme pour les chiens (bon ok, la comparaison n’est pas très subtile…)

Partir 10 mois, quand on a 6 ans, c’est TRÈS long
Partir 10 mois, quand on a 4 ans et demi, c’est TRÈS TRÈS long
Alors quand on a 18 mois… 

Ulysse : 
« nanana ?… lodojodithozie… maman… papa….ncovoeozop…. euh…. ozezzergwxcvp… mfsps »

Traduction : 
« 10 mois ? C’est rien ! Du moment que papa et maman sont là, je suis serein. Et si ma sœur et mon frère sont là, je suis au complet. Ne vous en faites pas pour moi. »

Ouf, UN de sauvé.

Avant de partir, nous avons essayé d’imaginer quelles difficultés nous allions rencontrer avec les enfants. 

Nous avons évidemment pensé au « manque » (non, non, nos enfants ne sont pas sous amphétamine). Le manque des personnes qu’ils aiment… le manque des membres de la famille : c’est ce qui nous est apparu le plus probable.

Nous nous étions vus dès le premier mois avec une crise de larmes par ci ou un chagrin par là car ils auraient pris conscience (au moins un peu) du côté « irréversiblement long » du Grand Voyage. 

Mais que nenni. Rien de tout cela (jusqu’ici). 
Et on ne s’en plaint pas.

Je veux tout de suite rassurer les membres de notre famille (coucou tout le monde) vous n’êtes pas tombés dans les tréfonds de l’oubli (pas encore…).

On parle régulièrement de la famille, sereinement. Les enfants racontent tantôt une anecdote, tantôt un trait de caractère, parfois un souvenir… ou y vont de leurs commentaires.

Pendant une randonnée, Lysandre parlant de son papi et sa mamie:
« Non mais y’a pas que Panou et Mouna qui savent bien marcher dans la montagne hein, nous aussi on a des muscles et on sait bien monter! … hein Maman !? » 

En fin de journée à la maison, Apolline fait référence à son cousin:
« Papa, tu peux mettre la chanson préférée de Camille pour qu’on danse ?! »

Ce que nous n’avions pas anticipé en revanche, c’était le manque de leur meilleur.e ami.e. 


L’Enfant serait donc lui aussi un être sociable… (pfffff… décidément, quelle galère)

Dès que nous avons commencé à parler du fait que c’était la rentrée en France , le manque s’est fait sentir. FORTEMENT. 

Apolline :« Pfffff…. J’ai envie de voir ma copine, là ! Je veux aller à l’école moi! … Non mais Maman…. mais VRAIMENT, explique-moi …mais POURQUOI on est partis en Grand Voyage !!??»

GLOUPS. (j’ai l’impression que je vais passer un oral de concours… je me concentre et prends mon temps pour choisir mes mots)

Elle en profite pour en remettre une dose.

« Explique-moi BIEN Maman là, parce que JE COMPRENDS RIEN DU TOUT».

(merci pour le coup de pression supplémentaire… il va falloir être pertinente)

Alors j’ai pris le temps d’expliquer, j’ai fait de mon mieux. J’ai donné des arguments (mais pas trop)j’ai essayé de me mettre à sa place, j’ai essayé d’être pédagogue…(alors que je suis en congé… pas évident cette affaire).

La vague est passée, je n’ai pas bu la tasse. (pour le moment)

A défaut de mieux, le prénom de sa meilleure copine est écrit dans le cahier d’écriture mais aussi dans le carnet de voyage. Une carte postale est partie, le masque réalisé dans le carton d’une boîte de céréales est pour cette amie… j’en passe et des meilleures. 

Lysandre n’est pas épargné par ce sentiment de manque. C’est distillé à doses homéopathiques au fil des jours :
« Owen, ça commence par un O »
 « Est-ce que mon copain Owen, il est à l’école en ce moment ? »
« Regarde, j’ai 4 bâtons, je peux faire un W. Owen, il a un W dans son prénom »
 « Mamaaaaan, j’ai tellement envie de voir mon copain Owen »


Parfois, ça me rend triste de les priver de ce lien fort avec leur âme sœur (ou frère… mouhahaha) même si je sais que c’est un mal pour un bien.

Mais il est si beau de voir que l’Amitié n’a pas d’âge.

Alors pour gérer ce manque et l’absence de leur alter ego (que nous ne pouvons pas combler), nous faisons de notre mieux.

Nous ne minimisons pas, ni ne dénigrons leur difficulté. Nous faisons preuve d’écoute, de respect et d’empathie, comme le « veut » la parentalité positive et bienveillante que nous chérissons tant.

Il faut dire que nous avons très peu de mérite pour ce qui est de l’empathie sur ce coup là…
… NOUS AUSSI, on se ferait bien une petite (ou une grosse?) soirée apéro-rigolade avec nos amis! 

23.09.2019