Plutôt mourir…

Nous fêtons nos 3 mois de voyage sans encombre (youhou). Quelle chance nous avons. Nous la savourons chaque jour.  

Cela fait 3 mois que nous prenons des bus, des taxis, des Uber, des kayaks (bon d’accord, ça n’est arrivé qu’une fois après avoir gagné un concours de château de sable mais quand même…), des vans, des ascenseurs, des bateaux et des avions (j’ai oublié quelqu’un ?!). 

Jusqu’ici tout s’est toujours bien passé. Nous avons de petites anecdotes sur certains trajets, bien sûr, comme : 

  • le mal de mer à gérer dans certains bateaux pour nous, adultes, 
  • une couche débordante d’Ulysse à changer dans un bus en marche (désolée pour le tableau)
  • un bain de jus de fruit dans un avion qui subit des turbulences,
  • de mauvaises indications pour un point de rendez-vous pour un transfert. 
  • Etc.

Mais qu’est-ce donc que cela dans un voyage de 10 mois. Tout cela n’est rien. Ce sont quelques gouttes dans les eaux turquoises du Pacifique ou quelques cafards dans notre logement actuel. On n’en parle même pas, ça fait partie du jeu.

En revanche, ce qui nous attend dans 2 jours… JE VAIS VOUS EN PARLER (oui, il faut que j’exorcise mes angoisses, merci de votre compréhension).

Vous voyez l’Everest ? Mais si, au Népal! Et bien, c’est moi , juste au pied du colosse (coucou), les 4 fers bien plantés dans le sol et qui ne veut plus avancer

Mais pourquoi donc ? me direz-vous (je vous remercie d’avoir posé la question, je vais vous répondre).

Ce qui nous attend, c’est un voyage long comme… la MORT (comment ça, je suis excessive ?!).

Et oui, notre passage aux Îles Fidji avait un prix et nous nous apprêtons à payer la facture. 

Petit flashback (je vous offre quelque chose à boire ?) :

Nous sommes mi-avril 2019 (je m’en souviens bien, c’était le 15… en même temps que l’incendie de la Cathédrale et que les premiers pas d’Ulysse… piouf, quelle journée), Simon et moi finalisons l’achat du pack « Billet d’avion Tour du Monde ». Les enfants ne sont pas là. Il nous faut être à 100% sur notre tâche : la lecture finale de notre itinéraire avec Florian, notre interlocuteur de l’agence spécialisée. C’est un moment important : notre dernière chance de faire une modification des points de chute. Cela fait plusieurs mois que nous y travaillons et tout nous emballe toujours autant (bravo, c’est mieux).Les grands transferts en avion sont un peu impressionnants. Comme dirait Josiane… « J’y vais mais j’ai peur ! » (bientôt sur vos écrans, vu la saison). Nous sommes frileux sur un point (« quand te reverrai-je… ») : notre transfert Nadi-Singapour. Ce voyage est notre talon d’Achille du Tour du Monde. Florian nous en refait lecture, nous sommes attentifs comme des futurs mariés écoutant le maire avant de prononcer le OUI définitif. 

« Mercredi 20 novembre, vol (4h) de Nadi (Fidji) à Auckland (Nouvelle-Zélande). Départ 13h, arrivée 17H.

Nuit de transit.

Jeudi 21 novembre, vol (11h) de Auckland à Singapour. Départ 11h, arrivée 17h » (vive les décalages horaires, et après on dit que j’ai du mal en calcul).

Pffff. Ça va être l’ENFER sur Terre.

On se regarde avec un sourire jaune (si, si, ça existe) … on se chuchote : « on le fait ? ». 

On se prend les mains, consentement mutuel… par le regard, pour ne pas interrompre le Maire euh… Florian. 

« Je le veux ».

Oui, je veux aller aux Îles Fidji(coûte que coûte donc… et je ne parle pas d’argent).
Oui, je veux des vacances dans ce Grand Voyage. 
Oui, je veux buller sur ces plages paradisiaques et n’avoir que pour SEUL objectif de m’échouer sur le sable telle une… sirène (allez, avouez… qui a pensé « baleine » ?!) après chaque repas (que nous n’aurons pas cuisiné, va sans dire… on a dit : VA-CANCES!). 

3 fois OUI.

On a donné notre feu vert à Florian (et des sous aussi) pour notre plus grand bonheur. 



Pfffffff.



On était innocent, on était jeune (« et con » apparemment… Saez sort de ce corps). 

Retour à la réalité. Dans 2 jours, on y sera… … au pied du mur… enfin, au pied du mur de l’avion. 

Vous voulez connaître le plus glauque dans l’histoire ? Ça s’appelle le syndrome de la balle dans le pied (vous saviez qu’il n’y avait pas d’accent circonflexe sur « syndrome » vous ?).

Je m’explique. Il y a 2 semaines, nous avons dû choisir entre 2 visas, mis en place depuis le 1er octobre 2019, pour pouvoir transiter en Nouvelle-Zélande (qu’ils sont pénibles ces kiwis…)

Je vous la fais simple. Nous avions au choix : 

  1. Le visa pas cher, qui ne permet pas de sortir de l’aéroport.
  2. Le visa cher, qui permet de sortir de l’aéroport pour couper le voyage et aller se reposer une nuit dans un hôtel à quelques encablures de là, avec ses 3 jeunes enfants afin de faire une bonne nuit, dans des lits douillets, avant de reprendre un vol de jour, le lendemain pour Singapour en étant frais comme des gardons.

PAN ! … PAN !… PAN ! PAN ! PAN ! (bah oui, on est 5)

On a pris le Visa pas cher donc (en même temps, on a donné tous nos sous à Florian, je vous ai dit, remember ?!) autrement rebaptisé le Visa « Prison » (ne passez pas par la case Hôtel et passez une nuit de …) (et une journée de … aussi, il n’y pas de raison !).

En clair, ça veut dire :

  • Quitter notre logement en milieu de matinée pour une après-midi de voyage (vol Nadi-Auckland).
  • Passer la fin d’après-midi dans la zone de transit de l’aéroport.
  • Passer le début de soirée dans la zone de transit.
  • Diner et passer la soirée dans la zone de transit.
  • Passer la fin de soirée dans la zone de transit.
  • Passer la nuit dans la zone de transit (non adaptée pour déployer sa « tente 2 secondes » ou tout autre campement de fortune)
  • Essayer de faire dormir les enfants (on ne sait pas encore comment, sinon ce serait presque fastoche) dans la zone de transit.
  • Essayer de fermer un œil (on ne sait pas encore comment, ni où, ni lequel) dans la zone de transit.
  • Faire un petit-déjeuner beaucoup trop tôt dans la zone de transit pour nous occuper.
  • Faire un deuxième petit-déjeuner à une heure convenable dans la zone de transit pour nous re-occuper. 
  • Lorsque les 18 heures dans la zone de transit seront passées (à petits pas), ne pas rater l’embarquement pour notre second avion (sous peine de rester 24h supplémentaires dans la zone de transit – au secours) … pour essayer de faire notre nuit dans le vol de jour Auckland-Singapour.

Alors voilà, ce à quoi j’évite de penser depuis des jours et des jours… parce que ça m’angoisse et que même avec la meilleure volonté du monde, je ne vois pas comment ça pourrait bien se passer.

L’aéroport est au bout du jardin (pour de vrai) et l’insomnie nous guette.

Chaque avion qui décolle est une mélodie pour Ulysse, qui court dans le jardin et fait « Waouw » en pointant du doigt cet oiseau métallique.

Pour moi chaque avion qui décolle est comme le tic tac (insupportable) de l’horloge qui me rappelle que le temps passe… et qu’il va bientôt falloir y passer

Alors si vous ne savez pas quoi faire du mercredi 20 novembre 13h au jeudi 21 novembre 22h heure de Nadi, vous êtes cordialement invités à prier Jésus, Mahomet, Ganesh, le Dieu des transferts ou qui vous voulez, pour tenter de nous donner une chance de survie

Et si vous avez des sueurs froides en pensant à votre prochain trajet de 2h en train avec vos enfants (ok, avec la SNCF ça peut vite durer 2 fois plus longtemps… c’est Fidji Time aussi en fait… mouhaha… salut les cheminots !) … pensez à nous… qui seront au Niveau 158/7 sur l’Echelle de Richter-la-galère-en voyage.

En espérant que cette bafouille vous aide à relativiser votre prochaine galère de transport! Si ce « transfert de la mort » pouvait au moins servir à ça… on n’aura pas tout perdu.

(PS : Moi, je cherche partout le récit de voyage Niveau 159/7 sur l’Echelle de Richter-la-galère-en-voyage depuis un certain temps… si vous le voyez passer… vous me trouverez dans la zone de transit).